le 11 février 2020
Passionnante conférence donnée par la Secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejčinović Burić sur le thème : » 70 ans du Conseil de l’Europe : et maintenant ? »
En tant qu’ancienne directrice de la Maison de l’Europe de Zagreb, Marija Pejčinović Burić est profondément attachée à la philosophie et aux activités sur lesquelles se fonde le travail de la MESA. Croate de nationalité et originaire de la ville-martyr de Mostar, elle est la deuxième femme à exercer la fonction de Secrétaire générale du Conseil de l’Europe, après Catherine Lalumière, qui l’a beaucoup inspirée. Économiste de formation, après avoir travaillé dans le privé et l’associatif, elle a été Vice-Première ministre croate et ministre des Affaires étrangères et européennes de son pays.
Après sa récente prise de fonction, le 18 septembre 2019, au Conseil de Europe, suite à son élection par l’Assemblée parlementaire, la Secrétaire générale a abordé les nouveaux défis auxquels le Conseil de l’Europe doit faire face avec une grande objectivité et beaucoup d’espoir pour l’avenir. « Les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit ont été non seulement renforcés mais aussi développés ». Depuis 70 ans maintenant, cette organisation a étendu son territoire et son champ d’action pour le bien de 830 millions d’Européens à qui s’appliquent les diverses conventions et instruments, sur le territoire de 47 pays, soit la totalité du continent européen allant de l’Atlantique à l’Oural (à l’exception du Belarus, qui applique encore la peine capitale).
Cependant, le Conseil de l’Europe doit faire face à une menace sérieuse, la montée du nationalisme et du populisme, qui « attaque ou sape la notion même de droits individuels et fondamentaux placés au-dessus du droit national ».
La Secrétaire générale prend l’exemple de la liberté d’expression, droit consacré par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui protège le droit de chacun et chacune de se forger ses propres opinions, de les défendre et de les exprimer sans ingérence justifiée.
Marija Pejčinović Burić relève que « ces dernières années, des études sur la liberté d’expression ont montré que cette liberté est de plus en plus menacée en Europe ». Cela concerne principalement les journalistes, « il s’agit d’agressions physiques, d’intimidations, de harcèlement, de surveillance ciblée et de harcèlement en ligne ». Elle souligne qu’ « en 2018, le nombre de menaces a été multiplié par deux et des meurtres ont été commis ».
Elle conclut en disant que « nous devons avoir pleinement confiance en ces normes de droits de l’homme, de démocratie et État de droit, dont plusieurs générations ont maintenant pu profiter, ainsi que défendre ces normes contre les attaques injustifiées et les appliquer aux nouveaux défis auxquels nous sommes confrontés ».
Le débat a été mené par Ulrich Bohner, Président d’honneur de la MESA et Denis Huber, Président de l’Amicale du personnel du Conseil de l’Europe. De nombreuses questions ont été posées sur des sujets divers : la Russie, la Turquie, l’impact du Brexit, les relations avec l’OSCE et bien d’autres encore. Merci au public venu nombreux, ainsi que pour les questions posées qui ont donné lieu à des discussions et des débats intéressants et merci à l’ERAGE qui a nous a accueilli dans ses locaux.